Atelier d’écriture n°191 : « Peter et Mary »

© Kot

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« Petit chenapan ! » siffla-t-elle entre ses dents, avant de coincer son parapluie dans la porte de la cabine rouge du téléphone.

– Commissariat de police de Brick Lane, je vous écoute.

– Bonsoir Monsieur l’Agent, vous avez mis du temps à prendre mon appel.

– Les nécessités du service, Madame. Que puis-je pour vous ?

– Voilà, je vous appelle pour vous signaler la présence d’un enfant qui se promène seul dans Redchurch Street, quartier de Whitechapel, à cette heure indue de la nuit.

– Etes-vous sûre d’avoir bien vu, Madame ? On n’y voit goutte, cette nuit.

– Je ne vous permets pas de mettre en doute la qualité de ma vue, elle est excellente. J’ai vu comme je vous parle, un jeune garçon qui sifflotait les mains dans les poches le long d’une grille, la tête en l’air, comme s’il attendait de voir sortir quelqu’un de la fenêtre juste au-dessus. Il fait peut-être partie d’une bande de vauriens. Ou simplement est-il un enfant vagabond. Dans tous les cas, il faut agir ! Vous ne pouvez pas le laisser aller seul !

– Bon, bon. Où est-il exactement ?

– Dans la courette du numéro 832, derrière les poubelles. Il attend quelque chose, j’en suis sûre !

– Bon, j’envoie deux agents de ce pas.

– Ah ! C’est trop tard ! Le voilà qui s’est envolé.

– Envolé ?! Envolé comment ? C’est une façon de parler bien-sûr ?

– Envolé dans les airs, pardi ! Quel autre sens ce mot peut-il donc avoir, Monsieur l’Agent ?

– Ah ça ! Vous vous moquez Madame, ou vous avez trop bu. Dépêchez-vous de rentrer chez vous avant que je ne vous fasse coffrer vous-même ! Clic.

« Bougre d’âne », pesta Mary en sortant de la cabine.

« Et toi, triple voyou, tu ne perds rien pour attendre ! » tança-t-elle le ciel, en agitant son parapluie. « Tu m’as pris Wendy et les enfants que j’avais confiés à Nana, tu ne me prendras pas ma petite Jane ni mon petit Michael. Je saurai bien te faire revenir de ton pays imaginaire et te faire grandir ! »

Puis elle se repoudra le nez, claqua du talon et ouvrit son parapluie d’un coup sec. Elle s’éleva du sol et disparut dans le fog de la nuit londonienne.

une-photo-quelques-mots-atelier-décriture-en-ligne-300x199©D.B.12.10.15

14 commentaires sur « Atelier d’écriture n°191 : « Peter et Mary » »

  1. Vous êtes partie loin dans l’histoire ! Moi aussi j’ai essayé de jouer avec le côté « noir » de la photo pour en tirer un aspect un peu comique : pour vous c’est très bien réussi, très amusant

  2. Ambiance so british entre ce policier et ton héroïne. J’aime bien cette nouvelle qui pourrait très bien être la suite de l’histoire de Peter Pan et de Mary Poppins si d’aventure ils s’étaient rencontrés.

  3. très mignon 😉 on voit clairement Mary Poppins ouvrir son parapluie et on perçoit son ton au téléphone 😉 bravo !

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