M.C. Beaton, Agatha Raisin 1. The Quiche of Death

Est-il encore besoin de présenter la célébrissime célibataire des Cotswolds, ex-star des relations publiques à Londres, qui fait son installation fracassante dans un adorable petit village du sud-ouest de l’Angleterre ? Pour qui a déjà participé au mois anglais, certes non, mais pour les profanes…

Agatha Raisin 1

Allez, Agatha Raisin c’est le personnage-clé d’une série policière à succès créée dans les années 1990 par M.C. Beaton. Dans ce premier tome elle vient tout juste de vendre son agence pour prendre une retraite anticipée dans le cottage de la campagne anglaise de ses rêves. Son nom fait évidemment un clin d’œil appuyé à Agatha Christie, et le cadre villageois, avec ses rumeurs, ses mesquineries et son microcosme où tout le monde connaît tout sur tout le monde, fait bien-sûr penser à celui de miss Marple. Mais les ressemblances s’arrêtent là. Agatha Raisin est une femme moderne de 53 ans, grande gueule, avec une tendance à ne penser qu’à son intérêt, un penchant pour la boisson, et qui en fait de cuisine ne sait qu’appuyer sur la touche « on » de son micro-onde. Et c’est ce qui fait tout son charme. Avec son franc-parler, elle détonne dans le petit village suranné de Carsely où elle a choisi de s’installer – surtout quand elle rabroue quiconque lui parle du climat : so shocking m’dear! Après une carrière passée à côtoyer des VIP et les grands de ce monde, elle se sent bien seule dans ce trou, certes ravissant, mais où elle ne connaît personne… Elle s’inscrit donc à un « concours de quiche » avec un seul objectif : le gagner, afin que tout Carsely « sit down and take notice of her » ! Le problème c’est qu’elle y connaît macache en cuisine, comme on l’a dit. Sans une once de culpabilité, elle court acheter une quiche dans l’excellent « delicatessen » de Monsieur Economides à Londres et la fait passer pour sienne. Or le soir du concours, l’arbitre du concours décède en goûtant précisément une part de « sa » quiche… Pas le meilleur moyen pour se rendre populaire ! Est-ce vraiment un accident ? Agatha se décide à enquêter sur les dessous de l’affaire, tout en découvrant peu à peu les gens du village : le jeune et sympathique policier Bill Wong, sa détestable voisine Mrs Barr, les habitués du pub le « Red Lion », la présidente de la Ladies’ Society et épouse du vicaire Mrs Bloxby, et toute une galerie de personnages hauts en couleur dont les tics provinciaux sont savoureux (d’où l’intérêt de la VO pour les courageux les héros ceux qui lisent l’anglais à mon humble avis).

zoom
Mais j’aime bien la couv’ de l’édition française perso… Ah, c’est peut-être culturel me souffle-t-on dans l’oreillette…

Je crois qu’on a ici affaire à un « cozy mystery« , ce genre de policier où les meurtres à la truelle sont bannis et où seuls comptent l’enquête, ainsi que des personnages et un cadre attachants. Ici l’enquête ne m’a pas tenue en haleine et se dénoue assez vite dans le dernier tiers du livre. Restent des personnages et un cadre effectivement attachants, des situations cocasses (où les ventes aux enchères, les concours de tout et n’importe quoi et les activités « culturelles » de la ladies’ society règnent en maître), et une Agatha Raisin en plein syndrome de l’ex-hyperactive récemment retraitée. Quelques détails glissés ici et là font des allusions intéressantes à l’époque (les rapports sociaux et hommes-femmes notamment). On a le plaisir de voir Agatha évoluer humainement et devenir un personnage finalement central de Carsely. Ses rapports avec Roy, son ancien jeune collaborateur punk, sur la voie de la yuppie-isation, donnent lieu à des comparaisons amusantes entre la vie à Londres et la vie à la campagne, que mille lieues semblent séparer tant géographiquement que mentalement.

Pas un suspense haletant, donc, plus une étude de mœurs cachée sous la forme d’une pochade humoristique comme seuls les Anglais savent nous en pondre. Un peu lent par moments, parfois répétitif et agaçant, mais réjouissant très souvent !

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Et voici à quoi ressemble un village des Cotswolds… Pas mal, je dois dire qu’Agatha a bien choisi son coin !

Edition originale : « Agatha Raisin and the quiche of death » de M.C. Beaton, Constable, 2014

Edition française : « Agatha Raisin enquête – tome 1 : la quiche fatale » de M.C. Beaton, Albin Michel, 2016

No automatic alt text available.Participation à la LC « Agatha Raisin » du fabulous Mois Anglais chez Lou et Cryssilda.

 

 

 

 

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23 commentaires sur « M.C. Beaton, Agatha Raisin 1. The Quiche of Death »

  1. Je me permets de compléter ton article en t’annonçant que France 3 diffusera 6 épisodes en 3 fois à partir du dimanche 25 Juin. Or, ils ont décidé de ne pas les diffuser dans l’ordre (truc débile mais typiquement français) .

    1. Merci pour l’info ! Mais comme je n’ai pas lu les suivants, je préférerais ne pas les voir avant… Ca m’amuserait de voir comment ils ont adapté the quiche of death 😉

  2. Ah bon, diffusion? ce qui m’agace c’est cette manie de diffuser deux épisodes chaque fois!
    Si tu peux, lis en anglais, on y prend vite l’habitude, quand je peux, je le fais.
    Sinon, lectures policières un poil répétitives, c’est l’ambiance qui compte;

    1. Oh mais je l’ai lu en anglais celui-là, comme beaucoup d’autres d’ailleurs :p En effet je m’y suis bien habituée et c’est bien plus savoureux de lire en VO…

  3. oh oui cela reste assez succulent..ce fut un plaisir a lire….pour l’ete..c’est parfait….;)

  4. Je ne l’ai pas encore lu, je trouvais le livre un peu cher pour une lecture rapide et facile ( il me semble qu’il n’existe pas en poche). Mais je n’avais pas pensé à le lire en VO : cela fait longtemps que je n’ai pas lu en anglais. Il n’est pas trop difficile ? J’ai peur de saisir difficilement l’humour en VO, et ce serait dommage…

    1. Je ne l’ai pas trouvé difficile à lire en VO personnellement. Et l’humour se capte facilement, pourvu qu’on ait en tête l’ambiance des films genre « The full monty » ou « Be happy » (même si le cadre et les situations n’ont rien à voir). Pour moi la VO justifie même la lecture de ce genre de roman policier 😉

  5. Que les Cotswolds sont jolies ! (c’est féminin, tiens ?)
    Ça y est, ma réservation est enfin arrivée, je te lis donc en diagonale ! Grosso modo, c’est sympa mais ça casse pas trois pattes à un canard ? Je suis donc prévenue ! J’espère que ça amorcera en douceur la pente glissante des vacances !

  6. Je m’attendais à une lecture plus enlevée car sur la 4ème de couv il est écrit « elle vous fera mourir de rire ! ». Déçue aussi par l’intrigue. Mais je vais poursuivre la série…

    1. Après il y a peut-être une dose d’humour anglais qui fait peut-être plus rire les Anglais eux-mêmes que nous 😉 Mais je pense aussi que la série a été savamment marketée pour se vendre comme un succès de librairie 😉 Mais selon moi cela n’enlève pas un certain charme qui fait sourire. Le personnage d’Agatha est, je trouve, bien écrit.

  7. Ça a l’air très sympa comme genre de livre… ça me fait penser aux enquêtes policières un peu loufoques d’Exbrayat (je ne sais pas si tu connais ? « Poridge et Polenta », « Amour et sparadrap », « Un charmant petit coin pour mourir… »… 😀 )

  8. Je partage totalement ton avis ! J’ai bien envie de me lancer dans le tome 2… et pourquoi pas en anglais : ça fait un moment que je n’ai plus lu dans cette langue ! Peur d’être rouillée mais bon, c’est sans doute parfait comme lecture pour se relancer ^^

    1. Totalement pour la lecture en anglais ! En plus comme le cadre t’est déjà familier, tu te repèreras sans trop de mal dans l’histoire je pense 😉

  9. elle est assez présente sur les blogs cette Agatha, mais du coup d’après ce que j’en lis j’ai peur de trouver cela trop lisse (tu vois ce que je veux dire), et je crains l’enquête-prétexte avec un dénouement convenu quand je lis ton billet. J’ai besoin de la dose de drame nécessaire aux policiers je crois.

    1. Tu veux dire qu’il n’y a pas assez de sang ? hinhinhin ! Oui, de ce côté-là c’est plutôt lisse et convenu. L’intérêt est ailleurs, dans les petites scènes de village, les chocs de caractères, l’humour sous-jacent… Mais n’en faisons pas non plus tout un fromage, oups, un cheddar : il y a clairement le phénomène « mois anglais » autour de ce personnage, d’où sa grande présence sur les blogs 🙂

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