Bonne année 2019 !

Au seuil de cette nouvelle année, je vous souhaite à tous, ô lecteurs réguliers ou de passage, beaucoup de bonheur et de bons livres au cours des 365 prochains jours, la poursuite de l’exploration amoureuse de la vie, et de la littérature qui en est la sève.

Je me suis appuyée à la beauté du Monde 
Et j’ai tenu l’odeur des saisons dans mes mains
(Anna de Noailles, Le coeur innombrable, 1901)

J’ai eu, je l’avoue, du mal à revenir au blog après la période de Noël. Manque de temps et de motivation, une vie de famille prenante, des préparatifs en série pour l’arrivée de bébé (mon baigneur devrait pointer le bout de son nez d’ici une semaine, c’est vous dire) – d’où la fatigue et des billets qui s’accumulent… A cela s’ajoute WordPress, qui a eu le mauvais goût de changer de fond en comble son éditeur de texte, et voilà-t-y pas que je n’arrive même plus à justifier mes paragraphes, bououououh !!! Bref, tous les ingrédients d’une bonne panne de blog.

Mais impossible de décrocher complètement, rien à faire, je suis une camée du blog : la pensée de l’alimenter et d’aller visiter celui des copinautes revenait me titiller de loin en loin, pour me rappeler à mes devoirs. Je m’y remets donc en douceur, par l’inventaire à la Prévert de mes lectures de l’année.

En 2018, j’ai donc lu, entre autres :

  • les deux derniers tomes d’un cycle napolitain à la réputation mondiale, plein de passion féminine et de réflexion post-moderne : Celle qui fuit et celle qui reste et L’enfant perdue.
  • des classiques, pour mon plus grand plaisir, dont quelques honnêtes pavés : A l’ombre des jeunes filles en fleur (trop hâte d’entamer Le côté de Guermantes = véridique = je crois que je vais rompre mon voeu et l’acheter sans plus tarder sur internet – pas envie de traîner mon gros ventre jusqu’au centre de Lausanne – pour le lire ces prochaines semaines, quand j’aurai un petit « têteur » – j’ai pas dit « têtard » – collé au sein toute la journée) – Mrs DallowayAurélienNotre-Dame de Paris.
  • des écrivaines nord-américaines, nouvellistes ou romancières, pour ne rien changer d’une tendance empruntée depuis quelques années : Flannery O’Connor, Louise Erdrich, Laura Kasischke, Siri Hustvedt (déception), Alice Munro (coup de coeur). Et UN écrivain américain bien connu : Paul Auster.
  • deux romancières à l’univers atypique et bien particulier : Claudie Gallay et Yôko Ogawa.
  • des coups de coeur qui ont fait mon bonheur : Une ardente patienceEn toute impunitéLes oiseaux morts de l’Amérique.
  • quelques titres des rentrées littéraires de l’année (même si je suis à des années-lumières de certains gros lecteurs sur ce chapitre) – dont un pas encore chroniqué : Le Lambeau (LE livre de l’année j’ai l’impression) – Chien-LoupL’été des quatre rois (sans oublier le Christian Garcin sus-cité).
  • … et trop peu de latinos (j’y reviendrai), dont un coup de coeur tout de même et deux non chroniqués : l’opus d’Antonio Skarmeta, Embrouille et Budapest de Chico Buarque, et enfin Artifices de Jorge Luis Borges, deuxième partie de Fictions.

En 2019, j’ai envie de lire :

  • La suite de L’amie prodigieuse, quand on a fini de lire les quatre tomes : Frantumaglia d’Elena Ferrante, qui sort cet hiver.
  • des classiques, encore : Balzac, Sand, Flaubert, Dumas, Maupassant, Colette, Aragon, et bien-sûr Proust se bousculent au portillon côté français – Jane Austen, Emily Brontë, Dickens, Elizabeth Von Arnim, E.M. Forster, Katherine Mansfield, et toujours Virginia Woolf côté anglais – Henry James côté américain (avec une envie de découvrir Edith Wharton et Carson McCullers).
  • des écrivaines nord-américaines pour continuer dans la même veine : Joyce Carol Oates, Joyce Maynard et Siri Hustvedt (je ne veux pas rester sur une déception) sont ma PAL, Louise Erdrich dans mes envies. Et UN écrivain américain dont on a beaucoup parlé cette année : L’arbre-monde de Richard Powers.
  • des écrivaines japonaises : j’ai en stock Certaines n’avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka et Ito Ogawa est prévue au blogoclub du 1er mars. Et UN écrivain japonais bien connu, Mishima.
  • des écrivaines atypiques à l’univers particulier, comme Jacqueline Harpman.
  • des livres de la rentrée littéraire 2018, dont Arcadie d’Emmanuelle Bayamack-Tam, La beauté des jours de Claudie Gallay (on me dit dans l’oreillette qu’il date de 2017, oups), Au loin d’herman Diaz, Trois fois la fin du monde de Sophie Divry, L’invention de la nature d’Andrea Wulf, et L’arbre-monde donc (je renvoie aux billets de blogonautes qui m’ont fait envie).
  • André Dhôtel, cet écrivain méconnu que j’appréciais tant il y a quelques années. J’ai bien envie de m’offrir La route inconnue réédité chez La Clé à molette, et D’un monde inconnu, chez Fata Morgana (beaucoup d’inconnu pour cet auteur méconnu, ça tombe bien).
  • des essais, comme Composition française et L’autre George de Mona Ozouf ou Le dialogue de François Cheng.
  • des auteurs qui me sortent de ma zone de confort : Michel Tremblay, Eric Chevillard, Franz Kafka, voire… Montaigne.
  • des livres de la rentrée de janvier 2019 que je lirai probablement l’année prochaine en fait (ou bien jamais) : Une femme regarde les hommes regarder les femmes de Siri Hustvedt (qui réunit plusieurs critères d’envie de ce début d’année : essai, rentrée littéraire, mon amie Siri) – Théorie de la bulle carrée de Sébastien Lapaque (tout simplement parce que j’avais bien aimé un de ses polars, et que j’ai déjà croisé l’auteur au comptoir d’un bistrot de mon ancienne ville de résidence, qui est aussi la sienne, sauf que je ne me rappelais plus de son nom, juste de son prénom, ce qui causa mon grand désarroi au moment de l’aborder et força mon cher et tendre à lui adresser la parole ainsi : « Vous êtes écrivain, Monsieur ? » suivi de « Quel est votre nom ? ») – Bacchantes de Céline Minard (pour rester dans le vin, à défaut de le boire dans mon état actuel, et dans le thème des femmes puissantes) – mais aussi Chacun son tour de Gaspard-Marie Janvier (le bon patronyme pour un mois qui s’avère crucial à mon échelle de mère poule, et une réflexion sur la mort pour moi qui vais être confrontée au début de la vie) – Le voyage du canapé-lit de Pierre Jourde (encore un auteur que je me promets de découvrir depuis longtemps) – La transparence du temps de Leonardo Padura (c’est un latino et on m’en a dit du bien).

J’ai bien conscience que tous ces projets de lecture sont pour la plupart des plans sur la comète, et que mes lectures emprunteront peut-être le cours d’autres nébuleuses*.

Je traverse la distance transparente, et c’est le temps même qui marche ainsi dans ce jardin, comme il marche plus haut de toit en toit, d’étoile en étoile, c’est la nuit même qui passe. Je fais ces quelques pas avant de remonter, là où je ne sais plus ce qui m’attend…
(Philippe Jacottet, A la lumière d’hiver, 1977)

Et enfin, osons aborder la question qui tue : quid du challenge latino ? Force est de constater que, à part une contribution remarquée de Maryline au mois d’avril (4 livres lus, elle crève le plafond et la catégorie Copacabana, dont L’ancêtre de Juan José Saer que je pourrais aisément placer à la tête de ma liste d’envies) – et la contribution fidèle de Lili avec notamment la première BD inscrite au challenge (Le serpent d’eau de Tony Sandoval), ce challenge n’a pas brillé par son dynamisme cette année… et en premier lieu, chez moi qui en suis l’initiatrice et l’animatrice. Je m’interroge sur mon manque d’entrain. Ma principale excuse, c’est que je ne supporte plus de lire les livres hispanophones en version traduite (je suis snob, que voulez-vous), et qu’il est assez difficile de trouver les versions originales dans les rayons des librairies et bibliothèques à ma disposition. Mais cette explication n’est pas le fond du fond, vu qu’il me serait loisible de les faire commander. Je crois que mon éloignement (temporaire je l’espère) de ce continent littéraire est aussi en partie dû à l’arrêt de ma thèse de doctorat sur l’histoire du Mexique, décidée cette année après moult douloureuses cogitations.

J’ai donc longuement hésité à relancer ce Challenge Latino (dont je vous invite à aller voir la liste des participations des deux dernières années) avant d’opter pour le statu quo : autant le laisser ouvert et voir venir. Mais cela dépend aussi de vous, chers lecteurs et copinautes, que vous ayez un blog ou non. Vos marques d’intérêt, en commentaire, seraient grandement appréciées pour me motiver moi aussi à me remettre à la littérature latino-américaine et à animer ce challenge. Êtes-vous partants pour embarquer dans un voyage en motocyclette littéraire ?? Ci-joint, des idées de titres latinos empruntés à Babelio pour vous donner des idées !!

*A special tribute to the Chanson du mal-aimé, oh yeah.

Le bonheur est dans le swap

Le temps est venu de cette heureuse tradition annuelle (OK, ce n’est jamais que la deuxième fois, mais ça a déjà la saveur des bonnes vieilles traditions) : le swap avec ma copinaute Lili des Bellons ! Dans ce réjouissant échange, nous nous étions mis d’accord sur un envoi de 4 livres avec les thèmes suivants : un latino, un anglais, un classique et un coup de coeur. Pour ne pas risquer de tomber à côté, nous nous sommes donné nos wishlists (sauf pour le coup de coeur évidemment). A côté de cela, les typiques gâteries des blogueuses littéraires étaient bien-sûr prévues (un chat, du thé, des marque-page…).

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Les circonstances de ce swap étaient particulières ; je devais recevoir le colis de Lili sur mon lieu de vacances, au ski ! Nous craignions qu’il n’arrive en retard, en raison de la masse de neige qui était tombée ces jours-là. Finalement, la Poste a été très rapide (allons, allons, ne faites pas de mauvais esprit, ce n’est pas un oxymore). Mais peut-être était-ce le Père-Noël lui-même qui est venu me déposer le colis en traîneau… Car voyez vous-même comme c’était magique : dans ce colis il y avait une avalanche de cadeaux artistiquement emballés dans du papier noir & blanc très graphique. Gâteau sous la cerise, Lili avait poussé la délicatesse jusqu’à coller des petits post-it commentant, sans le révéler, le contenu de chaque paquet… Sacré sens du teasing ! De quoi faire du déballage une pure partie de plaisir ! (Et elle était bien méritée, croyez m’en, après une journée à traîner mes filles en luge 🤪 #compensation).

Je n’ai malheureusement pas fait de photo avec tous les cadeaux déballés, et je confesse qu’à l’heure actuelle il ne reste rien des douceurs comestibles : des cookies craquants au chocolat et la noisette, une « tuerie intersidérale » me promettait Lili, et ils ont bien tenu leurs promesses, les bougres – et du chocolat belge à la poire, un goût totalement inédit pour moi, mais qui fonctionne vraiment bien (mais heureusement pas pour ma fille chocolavore ni pour mon mari bec-sucré, donc j’ai pu déguster la tablette entière sans devoir partager avec les amours de ma vie, na).

Vous constaterez néanmoins, au vu de la photo ci-dessous, que Lili m’a particulièrement gâtée, et non seulement moi, mais aussi mes filles qui ont chacune reçu une ravissante barrette aux motifs colorés d’une boutique creusoise dont le nom à lui seul résume tout-à-fait ce qu’a été l’ouverture de ce swap pour moi : Parenthèse enchantée.

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Un thé vert au parfum fleuri envoûtant, un plateau au message on ne peut plus clair, une crème pour les mains toute douce, une collection de jolis marque-page invitant à des heures bénies de lecture : me voilà parée pour attaquer les livres alléchants que j’ai reçus en cette occasion (d’ailleurs, c’est déjà commencé).

Commençons par le patriarche, Dickens himself : je vais enfin pouvoir me plonger dans les aventures concoctées par ce fabuleux romancier victorien, en commençant par les fameuses Grandes Espérances (hâte de lire la scène originale où Pip découvre le gâteau du mariage, scène ô combien de fois vue au cinéma !)

Poursuivons avec un auteur anglais contemporain : Benjamin Wood et son Complexe d’Eden Bellwether. Je ne sais pourquoi, mais dès que j’ai vu apparaître ce titre sur les blogs, j’ai eu envie de le lire sans même rien connaître de l’histoire. Cela me faisait peut-être penser aux Souffrances du jeune Werther de Goethe et m’avait un parfum de romantisme échevelé. Je vais pouvoir me faire une idée, et ce sera peut-être l’occasion d’une prochaine LC du mois anglais, n’est-ce pas Lili ? 😉

Ahora se habla español ! Lili a poussé la bonté jusqu’à se plier à mes exigences de snobinette hispanophone qui ne saurait lire les auteurs latino-américains autrement qu’en VO ! Elle m’a donc trouvé une édition en espagnol de El cartero de Neruda (Une ardente patience en VF) d’Antonio Skarmeta. C’est un petit bijou d’humour et de tendresse (oui, j’ai commencé à le lire, et je me poile).

Et la surprise du chef pour la fin : Lili m’a donc envoyé un de ses coups de coeurs. Il s’agit de son auteure fétiche, Louise Erdrich, éminente représentante de la littérature amérindienne aux Etats-Unis, et d’un de ses grands succès : Dans le silence du vent, qui raconte l’histoire d’un jeune adolescent indien en quête de justice après le viol de sa mère dans une réserve ojibwé du Dakota. Vraiment hâte de lire ce récit qui a l’air décapant, et de découvrir un courant littéraire que je ne connais pas du tout.

Voilà de quoi satisfaire une bonne part de mes besoins existentiels pour un moment. Merci, merci chère Lili. Je ne vais pas dire « tu n’aurais pas dû », mais vraiment, tu m’as bien gâtée 💜. Si vous voulez aller voir ce que j’ai envoyé à Lili (avec 2 fois moins de cadeaux, oups ! 🤭), c’est par ici !