Bonne résolution : le challenge Myself

Je me suis amusée avec le logiciel de création d'images en ligne piktochart.com
Je me suis amusée avec le logiciel de création d’images en ligne piktochart.com

Je ne vous fais pas un dessin, le début d’année est propice à la prise de bonnes résolutions. En réalité, c’est le genre de réflexe, venu d’on ne sait où, du fond des âges – la crainte religieuse devant le temps qui passe ? la tentative dérisoire d’y apporter un remède ? – que le système médiatique a érigé en passage obligé et que je contourne régulièrement sans même m’y attarder plus que ça.

Mais je dois dire que, dans le domaine de la lecture et de ce grand réseau de partage qu’est la blogo, j’ai été tentée par le challenge Myself organisé par Romanza.

Le principe : se fixer un défi littéraire personnel, quel qu’il soit, pour l’année. Je profite donc de cette émulation procurée par les challenges pour dépoussiérer les auteurs classiques qui sommeillent dans ma bibliothèque depuis trop longtemps, attendant que je les réveille comme la Belle au bois dormant (non, ma bibliothèque ne ressemble pas à une forêt broussailleuse… mais presque ! Si vous voyiez comment ma fille traite les malheureux livres qui sont à sa portée !).

Donc voilà, mon challenge personnel de l’année sera de lire les auteurs classiques de ma PAL, qui se font souvent doubler par les sirènes des auteurs contemporains. Et pourtant, quelle richesse, quelle profondeur, quelle beauté du style chez les classiques qui ont traversé les âges. Leur longévité qui atteste de leur universalité. Et j’ai constaté qu’ils demeuraient plus profondément ancrés quelque part dans notre mémoire émotionnelle que nombre de leurs homologues contemporains.

Voici ma liste qui tâchera de faire mentir l’image mise en exergue (je suis très ambitieuse, mais c’est le principe des bonnes résolutions, non ? 😉 ) :

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Top, c’est parti !

Juin : le mois anglais

Le mois de juin est anglais sur la blogosphère littéraire. Lectures, recettes, films : nous sommes invités à plonger dans un english bath par les blogueuses Lou, Titine et Chryssilda.

moisanglais1

Bath : c’est la station balnéaire où se rendait Jane Austen et sa famille au début du XIXe siècle. (J’ai appris ce fait biographique sur le délicieux blog en français consacré à l’oeuvre et la vie de Jane Austen: Jane is my wonderland).

Jane Austen : je n’ai jamais réussi à terminer Pride and Prejudice, son roman le plus connu, par lequel logiquement je commençais en m’attaquant à l’oeuvre de Jane. Il m’était tombé des mains, je l’avoue. Mais depuis que j’ai vu la série de la BBC consacrée à Sense and Sensibilityj’ai vraiment plongé dans son univers de gentry et de lande anglaise, ce qui m’a donné l’envie, « mois anglais » aidant, de me remettre au bouquin qui traînait sur une étagère. Pour me récompenser de mes efforts, je me mettrai en chasse, sitôt le livre terminé, de l’adaptation de Pride and Prejudice version BBC, qui a l’air d’être exceptionnelle !

So Mr Darcy, here I come ! Je corse le challenge en lisant le roman en anglais et j’espère le terminer avant le 16 juin, pour la lecture commune de Jane Austen avec d’autres blogueurs (nombreux je l’espère !).

(Mais avant, je tente quand même de terminer Autant en emporte le vent. Je sais, c’est too american pour un mois anglais, mais Scarlett O’Hara et Rhett Butler ne se laissent pas lâcher comme ça… Un billet dessus très prochainement).

Mes romans d’Inde(s) – challenge

(c) Mahesh Hariani - Fotolia
(c) Mahesh Hariani – Fotolia

J’ai eu mon « moment indien » moi aussi. Savez-vous qu’il existe un « syndrome de l’Inde » qui touche certains voyageurs occidentaux se rendant au pays de Ganesh ? Pour les curieux, on en parle mieux ici. Pour moi, je n’ai heureusement attrapé ce syndrome que dans le vaste pays de la littérature, bien qu’il se soit manifesté après un séjour effectif de deux mois en Inde (mais pas d’hallucinations ni de dépersonnalisation dans mon cas, j’étais bien accompagnée !). Bref. En rentrant de ces « Indes incroyables » (cf. le slogan touristique du pays), j’ai pris un cours de littérature indienne à la fac, dispensé par un auguste brahmane, aussi élégant qu’excentrique, et complètement échevelé dès qu’il causait littérature. Et j’ai lu plusieurs livres d’écrivains indiens, qui tous m’ont plu, chacun à leur manière… Dans ce pays-continent si divers et si varié, il y en a pour tous les goûts.

Celui que je placerais au sommet du panthéon des dieux romanesques, en-ARUNDHATI-ROY-DIEU-DES-PETITS-RIENSdehors même de la sous-catégorie « romans indiens », c’est Le Dieu des petits riens d’Arundhati Roy. Ici est narrée l’histoire bouleversante d’une famille petite-bourgeoise du Kerala, Etat situé à la pointe sud de la république indienne, vue à travers les yeux de deux enfants, un frère et une sœur jumeaux qui se retrouvent, au début du livre, 23 ans après leur séparation. Flash-backs à gogo. Il y est question de leur mère, jeune, belle, fragile, qui a été séparée d’eux dans leur enfance pour une raison mystérieuse. De leurs grands’ parents et de leur maison dans laquelle ils vivent, enfants. D’un homme, le jardinier. Mais pas de père. L’histoire commence par un enterrement dans le rite chrétien malabar, et ouvre d’entrée de jeu un univers extraordinaire, bien que banal en apparence. L’intensité mise dans l’observation de menus détails les rend merveilleux et insolites, comme l’enfance, mais à cela l’ironie et les nombreux double-sens de la narration y mêlent le tragique, le scabreux, le bouffon. Les pans de cette histoire sont racontés de façon non-chronologique, et c’est au lecteur d’en rassembler les morceaux, comme un puzzle. Beaucoup d’éléments se laissent peu à peu découvrir. Ce n’est qu’à la fin qu’est donnée la réponse au mystère qui plane sur tout le livre, une réponse d’une intensité dramatique, et sobre pourtant, qui ferait couler des larmes au plus endurci d’entre nous. J’ai pu oublier certains aspects de l’histoire, car cela fait bien six ans que je l’ai lue, mais ce livre restera gravé en moi à tout jamais.

Sur la deuxième marche du podium, je placerais Affaires de famille, de Rohinton Mistry. J’ai un peu oublié les tenants etunesimpleaffairedefamille aboutissants de l’histoire ; je me souviens d’une famille de Bombay, cultivée mais à court d’argent, d’un petit garçon autour duquel l’intrigue se noue, de ses parents, d’un grand’père il me semble, et de la ville de Bombay, frémissante et étouffante. Il leur arrive beaucoup d’épreuves au sein du voisinage et dans leurs liens familiaux, mais le ton reste toujours tendre et « mélan-comique ». Un ton très indien en somme.

compartiment-pour-damesEnsuite, place aux femmes indiennes avec Compartiment pour dames d’Anita Nair. Selon la traditionnelle construction des récits enchâssés dans le récit, plusieurs dames d’un compartiment réservé à la gent féminine, se livrent une à une sur leur histoire personnelle. Et les histoires des femmes indiennes, c’est à la fois proche de l’expérience que peut avoir une femme occidentale, mais aussi très éloigné. Ici on ne sait pas si le romanesque l’emporte sur la réalité « vraie », mais ça décoiffe ! A vrai dire, je ne me rappelle pas vraiment des histoires, sauf celle d’une jeune femme ayant fait des études, mariée à l’un de ses camarades, pour qui la vie conjugale a viré lentement au cauchemar. Mais c’est un livre à la fois distrayant et instructif.

Enfin, ex-aequo, deux livres qui se ressemblent beaucoup dans leur style : le style « aventures rocambolesques d’un jeune indien pauvre qui devient riche ». Le premier est le plus connu car il a donné lieu au film Slumdog Millionnaire de Danny Boyle : il s’agit des Fabuleuses aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaire, de Vikas Swarup. Le film était très bon mais assez différent du livre qui regorge de pépites que le film n’a pu toutes intégrer. Pas très réaliste mais haut en couleur. Le deuxième c’est Le Tigre blanc, d’Aravind Adiga. Là encore on suit la trajectoire mouvementée d’un jeune indien pauvre sorti de la campagne obscure d’un des plus sinistres Etats de l’Inde. Débarqué à Delhi, il lui arrive plein de choses pas toujours très légales ni très bonnes pour sa sécurité, mais dont il arrive à triompher à force de ruse. Dans ces deux cas, on quitte la grande littérature mais on est scotché par des intrigues trépidantes, réjouissantes et sans temps morts. On passe un très bon moment.

William Dalrymple (s) A.P. Rathap
William Dalrymple (s) A.P. Rathap

Quittons le rivage de la fiction pour aborder le terrain du grand reportage… Et là aussi on n’est pas déçu avec L’Âge de Kali de William Dalrymple, une série de reportages effectués à travers tout le sous-continent par un gentleman écossais, à la mode des grands explorateurs du 19e siècle. On hésite parfois à qualifier ces reportages, tant on se situe aux confins du réel, du fantastique, du surprenant et de l’horrible parfois (souvent). William Dalrymple a un don pour aller au contact des personnes les plus étranges, isolées, pittoresques ou effrayantes, ou à la découverte de cités mythiques, de villages perdus, de rituels, pratiques (genre le cricket au Pakistan 😉 ), scènes de vie et coutumes inconnus. Il se rend également au cœur de conflits récents (inter-religieux notamment). Ayant une grande connaissance de l’Inde, ses reportages tiennent à la fois du récit, de l’histoire, de l’archéologie et de l’ethnologie. Je l’ai lu en anglais car c’était un bouquin offert par un ami indien et ça se lit très bien. Le « je » du reporter est très agréable, livrant ses propres pensées au gré de ses aventures. On ressort de cette lecture un peu changé.

Me remémorant tout cela, je me suis décidée à me lancer un défi, un « auto-challenge » dans le jargon des blogs littéraires : lire des auteurs indiens que je ne connais pas encore, qu’ils soient très connus ou non, ou d’autres titres des précédents. La catégorie « indien » est large : elle peut comprendre des auteurs pakistanais, bangladis, sri lankais, voire indiens des Caraïbes ou anglo-indiens.

Voici ma liste (au 23 janvier 2015) :

Anita Desai, Le jeûne et le festin LU !

Kiran Desai, La perte en héritage LU !

– Kishwar Desai, Témoin de la nuit

– Un livre d’Amitav Ghosh

Rohinton Mistry, Un si long voyage LU !

– Un livre de V.S. Naipaul

– Un livre de R.K. Narayan

– Salman Rushdie, Les enfants de minuit

– Un livre de Vikram Seth

– Rabindranath Tagore, La maison et le monde

– Sashi Tharoor, Le grand roman indien

Et vous, avez-vous des idées à me transmettre ? Si quelqu’un souhaite participer à ce challenge, qu’il n’hésite pas à me le signaler en commentaire ou par e-mail chez ellettres@gmail.com.

A bientôt pour de prochaines chroniques indiennes !

Auto-challenge « Romans d’Inde(s) »

Challenge Romans d'Inde(s)