L’autre côté du rêve, d’Ursula Le Guin

Comment je me suis retrouvée à lire de la science-fiction, et pourquoi Ursula Le Guin en particulier, je parie que vous brûlez tous de le savoir. Et comme je suis bonne fille, je vous dirais tout bonnement que lorsque cette grande autrice américaine est décédée l’an dernier, j’en ai eu vent dans une émission de radio scientifique (à laquelle je pige que dalle, sauf quand ils causent littérature). Ce que les animateurs disaient de la capacité d’Ursula Le Guin à insuffler des questionnements éthiques dans la création de mondes d’anticipation ou de mondes parallèles m’a intéressée. Ensuite, c’est le résumé de ce roman-là qui m’a séduite (j’avoue avoir du mal à aller sur d’autres planètes, même en science-fiction, et là c’est bon, on reste sur notre bonne vieille Terre, même si elle a sacrément changé).

Dans un monde qui a lieu à peu près au tournant de l’an 2000 – rappelons que ce roman a été publié en 1971 -, George Orr fait preuve d’un don surprenant : certains de ses rêves se réalisent. Cela va du changement de décor d’une pièce à l’avènement d’une guerre ou d’un fléau, qui changent à la fois le passé et le présent. Déterminé à ne pas causer de dégâts par ses cauchemars malencontreux, George cherche à ne plus rêver. En vain. Il se retrouve entre les mains d’un onirologue nommé Haber, bienveillant au premier abord, mais qui va vite révéler des tendances mégalomanes. Comment en effet ne pas résister à la tentation d’utiliser le fabuleux don d’Orr pour débarrasser l’humanité de ses problèmes et faire advenir le meilleur des mondes ?

Vous le voyez, le questionnement éthique, là ? En gros, on a d’un côté George Orr, un homme sage selon la sagesse confucéenne (des citations de Lao-Tseu ornent la majorité des têtes de chapitres) qui cherche à vivre en harmonie avec le monde, comme un brin d’herbe caressé par le vent, et révèle en même temps la force du roseau, qui plie mais ne rompt pas. Et de l’autre, Haber qui veut faire, remodeler, se prendre pour un démiurge, faire le bien des autres malgré eux (bref, le grand méchant judéo-chrétien). La collaboration entre les deux hommes ne se fait pas sans heurts. George résiste passivement aux ordres de Haber, qui ne tarde pas à lui dire quoi rêver au moyen de l’hypnose et d’une machine compliquée appelée « l’Amplificateur ». Ses rêves tombent à côté des « suggestions » d’Haber, ou les réinterprètent… Au réveil d’Orr, c’est toujours une surprise qui les attend. Les personnages s’y perdent, et nous avec.

En effet, on éprouve le vertige temporel où nous entraînent les constants changements de réalité provoqués par les rêves d’Orr. Des catastrophes n’ayant jamais existé ont eu lieu et font sentir leurs effets (comme la disparition des 5/6e de l’humanité), ou au contraire, les conditions de vie s’améliorent. Des « continuums » se superposent, aboutissant à un drôle de bordel qui a pour cadre la ville de Portland – les Etats-Unis ayant pour président un certain Mr Merdle, ce qui m’a bien fait ricaner. Orr et Haber sont à peu près les seuls à conserver la mémoire des continuums précédents, ce qui les oblige à une gymnastique mentale intenable.

Ce qui est intéressant avec la sci-fi vintage, c’est de comparer ce que l’auteur imaginait de l’avenir proche, avec ce qui est finalement advenu (un peu l’expérience « 2001 l’Odyssée de l’espace »). Le Guin avait visé juste en ce qui concerne le réchauffement climatique, le nombre d’habitants sur terre, l’enjeu écologique plus généralement. Elle s’est bien-sûr plantée sur la plupart des autres points, mais qu’importe. Ce que j’aime un peu moins dans la sci-fi, c’est le jargon pseudo-scientifique, le bla-bla pour faire évolué techniquement. J’ai eu un peu de mal au début avec tous ces termes qui me laissaient froide. Ce n’est qu’en m’attachant au personnage principal, à sa valeur humaine intrinsèque dans un monde hyper labile, que j’ai pu goûter la saveur de cette fable, au fond, sur la fragilité de nos ambitions et la solidité de nos attachements vitaux.

Et puis il y a cette puissance du rêve, thème qui imbibe tout le roman, lui donne ses couleurs oniriques, comme s’il était lui-même un rêve que le lecteur aurait fait. Au cours de la lecture, des réflexions lunaires viennent nous lutiner comme des papillons de nuit : l’autre côté du rêve, est-ce le réel ou encore du rêve ? Suis-je le rêve de quelqu’un ? Etcetera etcetera. C’est psychédélique. C’est zen.

A savoir, le titre lui-même vient d’un poème des Contemplations de Victor Hugo : « Il descend, réveillé, l’autre côté du rêve. »

Je vous laisse avec le prologue, métaphore marine d’une grande puissance d’évocation :

Portée par les courants, poussée par les vagues, entraînée irrésistiblement par toute la force de l’océan, la méduse dérive dans les fonds marins. Là où parvient la lumière et où commence les ténèbres. Portée, poussée, entraînée de nulle part vers nulle part – car, dans les profondeurs marines, il n’y a pas d’autres repères que ‘plus près’ et ‘plus loin’, ‘plus haut’ et ‘plus bas’ -, la méduse se balance, comme suspendue ; ses pulsations sont légères et rapides, perdues dans les énormes pulsations quotidiennes qui agite l’océan attiré par la lune. Suspendue, balancée, palpitante, la plus vulnérable et la plus insubstantielle des créatures, elle a pour la défendre la violence et la puissance de tout l’océan, auquel elle a confié son être, son devenir et sa volonté.

Mais ici s’élèvent les continents obstinés. Les bancs de sable et les falaises rocheuses s’avancent dans l’air, cet espace extérieur, lumineux et instable, sec, effrayant, où la vie ne trouve aucun soutien. Et maintenant, maintenant, les courants égarent, les vagues trahissent, rompant leur pacte, brisant leur cercle perpétuel pour s’élancer dans une écume épaisse vers l’air et les rochers, brisant le cercle…

Que fera la créature marine sur le sable sec exposé à la lumière ? Que fera l’esprit, chaque matin, en s’éveillant ?

« L’autre côté du rêve » d’Ursula Le Guin, traduit de l’anglais par Henry-Luc Planchat, Le Livre de Poche, 1984 (1e édition 1971), 220 p.

Ray Bradbury, Chroniques martiennes

chroniques martiennes« – A vous entendre, les Martiens étaient plutôt naïfs.

– Seulement quand ils y trouvaient leur avantage. Ils ont cessé de s’acharner à tout détruire, à tout abaisser. Ils ont mêlé religion, art et science parce qu’à la base la science n’est rien de plus que l’exploration d’un miracle que nous n’arrivons pas à expliquer, et l’art l’interprétation de ce miracle. »

(p.113, éditions Denoël, 1997).

Les Chroniques Martiennes de Ray Bradbury, c’est justement un mélange des trois ingrédients, science, art et religion : science parce que c’est quand même de la science fiction ; art puisque tout est littérature, descriptions poétiques et twists oniriques ; et religion parce que c’est un livre qui veut s’inscrire dans la tradition des grands mythes.

A travers une série de courtes nouvelles qui se suivent chronologiquement, l’auteur raconte la conquête de Mars par les Terriens (américains) de 2030 à 2057. De l’incrédulité des Martiens devant les premières expéditions terriennes jusqu’à l’extinction de leur civilisation par les microbes amenés de la Terre – puis de celle de la Terre par des guerres sans fin – Chroniques Martiennes investit Mars comme le lieu de l’utopie, des nouveaux départs ou des retours à l’origine.

Ray Bradbury a énormément influencé l’imaginaire populaire américain, notamment au niveau de la SF (je crois que c’est Spielberg qui lui avait rendu hommage au moment de la réalisation de la Guerre des étoiles). Chroniques Martiennes peut vraiment être lu comme un condensé des grands mythes américains : la conquête d’un nouveau monde, de terres vierges à remplir par la technologie, l’industrie et l’esprit capitaliste, mais aussi un certain esprit provincial de petites communautés de pionniers soudés par la foi en un avenir meilleur… Tout y passe : l’évangélisation des Martiens, l’émancipation des noirs, la consommation de masse, la peur de l’Autre…

Avec Chroniques Martiennes, son premier grand succès qui rassemble des nouvelles publiées dans des revues, Ray Bradbury ne fait pas de la SF « techno », il le dit lui-même dans sa préface. Ce n’est pas vraiment de l’anticipation mais de la SF vintage ; les humains de 2030 utilisent encore des juke boxes ou des phonographes, les femmes sont aux fourneaux et aux plumeaux, le cinéma est en noir et blanc, et les communications téléphoniques entre Mars et la Terre nécessitent l’aide d’une standardiste. C’est l’Amérique de la fin des années 1940, avec sa peur de la bombe nucléaire et sa 2e révolution industrielle, catapultée sur Mars grâce à des fusées qui ressemblent plus à de grands monstres marins qu’à la fusée de Tintin.

« Le vaisseau entamait sa descente. Il venait des étoiles, des noires vélocités, des rayonnements mouvants et des golfes silencieux de l’espace. C’était un nouveau vaisseau ; il contenait du feu dans ses entrailles et des hommes dans ses cellules de métal, et il se déplaçait, leste et fringant, dans un silence impeccable. » (p. 65).

J’ai aimé cet univers complètement décalé pour moi. Il s’y passe des aventures un peu fantastiques (avec des êtres chers, morts depuis longtemps, qui semblent revenir à la vie face à leurs proches) et qui prennent l’allure de contes moraux. On sent Bradbury complètement nostalgique du monde de l’enfance, préservé de la cupidité, de la mesquinerie et de l’indifférence blasée. Mars est pour lui une utopie, comme pour ses personnages, qui tous ont des désirs, bien que très différents : trouver une vie meilleure, devenir riche,  découvrir une nouvelle civilisation, jouir de la liberté, évangéliser les autochtones… Mais bien souvent, la soif de posséder des nouveaux conquistadors détruit plus qu’elle ne préserve l’ancien.

« – Nous n’abîmerons pas Mars. C’est un monde trop vaste et avantageux.

– Vous croyez ? Nous autres Terriens avons le don d’abîmer les belles et grandes choses. Si nous n’avons pas installé de marchands de hot dogs au milieu du temple égyptien de Karnak, c’est uniquement parce qu’il était situé à l’écart et n’offrait pas de perspectives assez lucrative. Et l’Egypte n’est qu’une petite partie de la Terre. Mais ici, tout est ancien et différent, et il va falloir s’installer quelque part et commencer à tout dénaturer. On appellera tel canal le canal Rockefeller, telle montagne le mont King George, telle mer la mer Dupont de Nemours, il y aura des villes du nom de Roosevelt, Lincoln, Coolidge, et ça ne tombera jamais juste, puisque tous ces lieux ont déjà un nom qui leur est propre. » (p. 96).

Ça m’a fait penser à cette peinture de l’exposition « Beauté Congo » qui a lieu en ce moment à la Fondation Cartier.

Bradbury rêve d’un monde à l’innocence préservée, un paradis perdu. C’est pourquoi Chroniques Martiennes ont un ton doux-amer qui s’accorde en partie avec mon état d’esprit du moment. Mais pas que, parce que, contrairement à Bradbury, je ne considère pas qu’il faille s’exiler sur Mars pour résoudre nos problèmes du moment !

Mois américainDeuxième participation au Mois Américain.

Michel Houellebecq, Soumission

soumissionJ’ai lu le dernier Houellebecq, qui est aussi mon premier Houellebecq, ce livre sur lequel beaucoup d’encre a coulé, d’autant que sa sortie a tragiquement coïncidé avec les fusillades des terroristes islamistes, avec lesquelles son thème entre en résonance. (Sacrée introduction !)

Bref, depuis peu, je me suis mise aux sorties littéraires récentes. Cela me fait me sentir un peu snob et dans le vent mais point tellement nourrie.

Oh certes, il y a des choses dans ce roman que j’ai appréciées. En premier lieu, l’autodérision du narrateur, qui est phénoménale. Ce type mollasson – qui parvient quand même à se hisser, Dieu sait comment, par la magie d’une thèse géniale sur Huysmans (or le génie n’est pas toujours récompensé dans le paysage réel de l’enseignement supérieur et de la recherche en France), au poste enviable de professeur des universités à la Sorbonne – ce type mollasson donc possède le charme des faux naïfs, des loosers polis, dont l’inertie placide et souriante propulse hors de leur gangue de normalité les absurdités sans nom de leurs interlocuteurs. Par exemple les femmes qui le quittent car elles ont « rencontré quelqu’un » (et lui alors, n’était-il pas « quelqu’un » ?), le collègue spécialiste de Rimbaud qui n’a d’autre conversation que celle de comparer les avancements de carrière, le sien et celui des autres, dans le microcosme de la fac (Rimbaud, au secours, reviens !)…

J’ai bien aimé certaines descriptions, et forcément, ceux des personnages auxquels je m’identifie : les jeunes cathos au sanctuaire de Rocamadour, les moines de l’abbaye de Ligugé…

L’autre grand attrait du livre, évidemment, est son caractère d’anticipation relativement proche, qui permet de mettre en scène beaucoup de nos hommes et femmes publiques dans des situations  pas totalement tirées par les cheveux : nous sommes en effet en 2022, à l’échéance d’un second mandat de François Hollande et les candidats en lice à l’élection présidentielle comprennent notamment une blonde à la langue bien pendue, un spécialiste des coups de menton ou un adepte du pain au chocolat 😉

Le « Deus ex machina » du livre est l’un de ces candidats, celui-là bien imaginaire (mais à la réflexion, peut-être existe-t-il déjà ?), leader du parti imaginaire de la « Fraternité musulmane ». Au terme d’une soirée électorale mémorable (un des morceaux de bravoure du roman), Mohammed Ben Abbes gagne et accède à l’investiture suprême. Que va-t-il se passer, dans une France gagnée par les combats de rue sur lesquels planent une chape de plomb médiatique ? Suspense…

Les critiques (que je n’ai pas lues) concentrent sur cet aspect du livre leur hargne, du moins je l’imagine. Car aborder la question de l’islam, même dans une fiction (mais une fiction qui prend les allures d’une fable…) est évidemment très délicate dans le contexte actuel. Autant le dire franchement et sans pudeur excessive : je n’ai pas trouvé ce livre islamophobe. Déjà « islamophobe » est un mot suffisamment fort pour ne pas le mettre à toutes les sauces. Ici les musulmans ne sont pas représentés en mauvaise part : le premier président musulman, tel que se l’imagine Houellebecq, symbole de la politique d’intégration, est un homme cultivé, fin, passé par Polytechnique, rompu au dialogue et à la confrontation d’idées, tout en rondeurs et en train-de-sénateur. Mais l’intégration de Ben Abbes ne rime pas avec des mœurs libérées : pour tout dire, sa conception de la famille et de la place des femmes ressemble à celle des monarchies du golfe, ainsi inclut-elle la polygamie, le voilement des femmes et leur mise à l’écart de la sphère publique. Et étrangement, ça passe… Sans imposer la charia, mais en la favorisant par une législation préférentielle, le nouveau gouvernement (à la tête duquel Houellebecq imagine Bayrou tout de même !) parvient à ce que la population française accepte sans trop broncher – voire s’aligne sur – ce nouvel ordre social pour le moins différent de celui de son passé.

Voilà qui nous gêne aux entournures : Houellebecq imagine l’application de certains principes de l’islam à la société française jusqu’à leur conséquence logique, sans verser dans une lecture outrancière. Est-ce islamophobe de dire que dans l’islam la polygamie est permise et d’imaginer qu’un jour elle puisse l’être en France ? Non, même si la polygamie n’est pas, et de loin, suivie, voire approuvée, par tous les musulmans, et même si cette hypothèse nous semble invraisemblable. Mais Houellebecq joue avec un jeu de potentialités, dans une mise en scène parfois fantaisiste, et dont l’hypothèse d’un futur président musulman fait partie (et c’est même là une hypothèse de facture très progressiste !). La question israélo-palestinienne, et plus largement, la question du rapport entre juifs et musulmans, présente dans le roman, ne peut que polariser les passions, comme elle le fait dans la vraie vie déjà, mais comment ne pas la mentionner alors qu’elle fait partie de nos cadres mentaux de Français des années 2010 ? Et de même, la représentation de « jeunes » (que l’on imagine issus des cités) à certaine page du début du livre, suscitant l’appréhension du narrateur, a probablement fait sourciller quelques âmes bien-pensantes. Mais il y a justement un hiatus entre la perception que le narrateur a d’eux, et ce qu’ils sont réellement ; l’auteur désavoue les clichés de son narrateur puisque ces « jeunes » se montrent fort polis à son endroit. Au nom de la fiction, si ce n’est au nom du réel, tout écrivain a le droit de représenter des personnages qui renvoient à des expériences forcément vécues par le gros des lecteurs, pour qu’elles nous fassent ainsi réagir et nous identifier. Les « jeunes des cités » n’auraient-ils pas droit de cité dans la littérature ? (Ok, c’est un mauvais jeu de mot, je sors ! ==>[])

Le problème avec Houellebecq, je crois, c’est qu’on a l’impression que son personnage, c’est lui. Et du coup paf ! le principe de distanciation romanesque en prend un coup.

Même s’il est loin d’avoir la stature d’un prophète, même si son anticipation manque parfois de subtilité, du moins Houellebecq nous confronte-t-il à certains de nos non-dits bien de chez nous : la possibilité de définir une identité française et de ce qui ne serait souhaitable ou pas, acceptable ou pas, pour l’avenir de cette collection de 65 millions d’êtres humains qui habitent un territoire appelé France, ou sont attachés par des liens sentimentaux, familiaux, historiques à ce territoire, et dont la majorité sont reconnus par l’état-civil comme français mais plus encore, se disent, se sentent français.

Après ces lourdes périphrases censées exprimer au plus juste mes sentiments sans heurter personne, je peux passer à ce qui ne m’a pas plu : la fatalité morne du personnage, le descriptif de ses turpitudes corporelles (qui me renvoie assez douloureusement à la physionomie rien moins qu’avenante de Michel Houellebecq) (je sais, on a dit « pas d’attaque sur le physique », mais que voulez-vous). Mais c’est surtout la seconde partie du roman qui est, disons, profondément ennuyeuse : on s’achemine lentement et sûrement vers l’acceptation du personnage d’un destin imposé par les circonstances – et un destin qui satisfait son inertie consubstantielle. On espère, comme le narrateur lui-même lors de sa retraite à Ligugé, un sursaut d’énergie, de foi, de ferveur… mais rien, nada. J’ai décroché.