Voici venu le temps de vous faire un petit récapitulatif de mes lectures de l’année 2017. Cela fait plusieurs semaines au bas mot que je souhaitais m’y coller, mais pour tout un tas de raisons indépendantes de ma volonté (dont d’agressifs microbes post-festifs, sans compter l’immersion dans un bain de collectivité familiale dont il était dur de s’extraire pour s’adonner aux joies narcissiques du blogging)… où en étais-je ? Ah oui en train de vous baratiner vous expliquer pourquoi j’avais disparu des écrans radars depuis la mi-décembre. Eh bien maintenant, me voilà !
2017 a été une année de lectures très satisfaisantes. Sans me concerter avec moi-même, il se trouve que j’ai lu plusieurs romans tournant autour de la question raciale, dans la deuxième moitié de l’année, qui se sont révélés être des coups de coeur : « Bakhita » de Véronique Olmi*, « Americanah » de Chimamanda Ngozi Adichie – et cela continue en ce moment avec « Le Temps où nous chantions » de Richard Powers. Plus largement, les auteures américaines ont la cote en ce moment avec moi : j’ai découvert Joyce Maynard et Siri Hurstvedt depuis cet été (en plus de Chimamanda Adichie, qui n’est qu’à moitié américaine je vous l’accorde), et je pressens que ce n’est pas la dernière fois que les lirai ! Edit : j’ai oublié de mentionner la nouvelliste américaine Flannery O’Connor dont je parlerai bientôt. L’automne a été aussi fertile en coups de coeur qu’en coups de vent : 5 coups de coeurs sur 9 pour l’année écoulée. C’est comme si le petit dieu des lecteurs avait voulu m’accompagner durant cette transition de vie vers la Suisse…
* C’était un de mes choix pour le Grand Prix des Blogueurs et je suis ravie de voir qu’elle a gagné la première place tandis que mon autre choix, « Légende d’un dormeur éveillé » est arrivé en 5e ! #RazDeMaréeBloguesque
En revanche, il est un mien challenge latino dont l’étoile pâlit un petit peu. Force est de constater que la littérature latino n’ait pas rameuté les foules. Heureusement mes chères Rosa et Lili étaient là pour m’encourager de leurs participations : merci les filles ! Rosa s’est tournée vers ses auteures fétiches, Laura Esquivel et Isabel Allende, si aptes à saisir et transmuer en histoires mythiques la chair vive des sentiments humains. Lili a découvert un grand auteur péruvien que j’affectionne, Vargas Llosa, le maître de la narration. Mais seules mes 6 participations me donnent le droit de crier « Viva la RevoluciÓn! », la catégorie la plus haute du challenge (la fille qui s’éclate toute seule dans son trip 😅). Mais je dois avouer que la Rrrrevoloucione elle-même ne m’a pas apporté de vrai coup de coeur latino cette année, même si « La mort lente de Luciana B. » m’a beaucoup plu dans le genre thriller, et que la redécouverte de Borges m’incite à continuer l’exploration des méandres de ses labyrinthes mentaux. Les auteurs argentins ont un truc qui marche toujours avec moi, une combinaison magique de spéculation rationnelle et d’excentricité un poil délirante, semblable à nulle autre. Je suis loin d’avoir fait le tour du continent, puisque je n’ai fait halte qu’au Mexique (mon pays de coeur) et en Argentine. Le Brésil notamment est prévu en 2018. Et ça tombe bien, car je ne laisse pas tomber justement ! Le challenge latino est de nouveau « on » cette année, nonchalamment ouvert à qui voudra y faire un petit tour, une seule participation étant déjà l’occasion d’échanger et d’élargir notre connaissance de cette région. Aucune obligation, juste du plaisir. Que la fiesta recommence !
Je ne pouvais pas finir sans évoquer la série de « L’amie prodigieuse » dont j’ai lu le deuxième tome en apnée cet été. Cette série est marquante à tout point de vue pour moi (j’ai déjà lu le troisième tome, un billet sortira pronto). La puissance séminale de ce récit confine au mythe tout en brassant une quantité de thèmes passionnants, ou rendus tels par l’attachement émotionnel : une époque de transition, des mentalités archaïques face à la révolution frelatée de la modernité, la culture des pauvres vs. la culture des riches, les jeux et enjeux de pouvoir, l’envers du miracle italien, l’anti-dolce vita à de rares exceptions près, des destins croisés, des personnages inoubliables, et même un nappage de théories féministes et de l’éducation… Ce parcours initiatique de deux Napolitaines douées de talents exceptionnels dans l’Italie d’après-guerre me révèle des pans insoupçonnés de moi-même et de ma vie de femme. Une sorte de psychanalyse par la lecture, ce ne serait pas la première fois 😅 Cette série est un tournant dans ma vie de lectrice, elle restera gravée en moi à tout jamais (ça, c’était grandiloquent : Malraux, sors de ce corps !), quels que soient ses défauts (qui me sont apparus plus nettement à la lecture du troisième tome).
J’ai toute sorte d’envies de lectures pour cette année 2018 (normal me direz-vous, pour une blogueuse littéraire, c’est ma came après tout). Je fais le voeu de vivre un début d’année « à l’ombre des jeunes filles en fleurs ». En parlant de classiques, je veux depuis plusieurs mois lire « Notre-Dame de Paris » de Victor-Hugo et « Les hauts de Hurlevent » d’Emily Brontë (déjà dans ma Pal). Edit : et « Mrs Dalloway » de Virginia Woolf (aussi dans ma Pal). Je veux finir les classiques que j’ai laissé tomber pour une raison ou une autre, notamment « Madame Bovary » de Flaubert dont il ne me reste que 10% au plus à lire, « La fortune des Rougon » de Zola, « Raison et Sentiment » de Jane Austen. Plus généralement j’aimerais m’atteler à lire ma Pal qui comporte des bouquins fantastiques (je le sais avant même de les lire qu’ils ont l’air formidables), notamment des cadeaux d’amis lecteurs avisés. Je fais juste le souhait de pouvoir mettre la main sur un roman de mon cher André Dhôtel (si rare dans les librairies et les bibliothèques 😢) qui faisait déjà partie de mes envies du début de l’année dernière. Mais qui sait vers quel récif les sirènes de la littérature me mèneront cette année ? (Comment insuffler de l’aventure dans son train-train sans quitter son fauteuil à oreillettes… )
A tous, lecteurs réguliers ou de passage, je souhaite une belle année pleine d’aventures humainement riches. Et que vive la république libre de la littérature et de ses lecteurs ! (Rrrevoloucione, maestro !)

Oh oui, j’espère que 2018 sera l’année des classiques sur les blogs ! Comme toi, j’ai succombé à la série d’Elena Ferrante, je pense lire le troisième tome rapidement.
Sinon, le challenge latino était pour 2017 ? Je lis très peu d’auteurs hispanophones (2 je crois en plus de onze ans de blog, à part pour les BD), mais c’est un défi à relever.
J’avais lancé le challenge latino au début de l’année dernière oui, mais je le continue cette année. Je serais ravie que tu y participes Lilly, surtout si cela te permet de découvrir (et aimer ?) de nouveaux auteurs 😀 Tiens-moi au courant.
Quant aux classiques, oui, je sens comme un besoin d’y retourner plus souvent, et j’adore lire de beaux billets bien tournés dessus.
Très beau bilan! Pour le prix des blogueurs, j’avais voté pour le Nohant.
Merci ! Je vois qu’on est d’accord pour dire que le Nohant est un livre magnifique 🙂
Je me retrouve beaucoup dans tes goûts !
😀
Oui, oui, les classiques!!! Pour le Proust, bien sûr, mais aussi Les hauts de hurlevent (je l’ai lu assez récemment, j’attends ton avis ^_^), ND de paris, j’aimerais le relire aussi, bref, que d’idées! Et Woolf, son journal, bref…
Je vais me régaler ! Et toi, quels classiques as-tu en ligne de mire ? Tu as lu récemment les hauts de hurlevent ? Il faut que j’aille voir si tu as fait un billet…
Oui j’ai fait un billet, mais j’ai été déçue et j’en dis trop dans le billet; Donc fais ta lecture sans trop en savoir.
Actuellement je sors de deux volumes de Proust (de la Recherche, ça tu le sais), dans la catégorie ‘même pas peur’ j’ai attaqué les Essais, ensuite, quoi? Stendhal? Sand? Hugo? Woolf? Les idées ne manquent pas…
Je te rejoins pour la lecture de Chimamanda Ngozi Adichie ( as-tu lu son petit opus » Nous sommes tous des féministes » ? ). Pour les classiques, j’y suis revenue ces dernières années, lire ou relire ce qui a été lu il y a fort longtemps mais je ne faisais pas l’effort d’écrire sur ces lectures sur le blog, ce que je change maintenant. Belle année de grands projets lectures à toi !
Pas encore lu cet opus non, j’ai de quoi explorer le continent Adichie 😉
Je me réjouis de ce mouvement de retour vers les classiques !
pour les fans de classiques, il y a le fameux ClassicsClub: on choisit 50 titres et on se donne 5 ans pour les lire. Je suis dans ma 3eme ann
hmm, j’ai dû cliquer sur envoyer, quand j’ai voulu terminer le mot 3me année. Voir ici: https://wordsandpeace.com/2016/01/01/the-classics-club-2016-2020/
Je vais aller voir ça, ça m’intrigue !
beau bilan! j’en ai lu quelques uns et d’autres sont dans ma PAL notamment le Nohant le T3 d’Elena Ferrante etc…
j’avais voté pour « Bakhita »
j’ai lu (et ce fut laborieux mais contente d’être arrivée au bout) « Un monde flamboyant » de Siri Hustvedt je ne suis pas sûre de tenter un 2e 🙂
Merci Eve 🙂 Bakhita est décidément plébiscitée par les blogueurs, et ça se comprend. La force de ce roman, l’extrême violence qu’il donne à voir mais aussi la douceur lumineuse de Bakhita en font un mélange détonnant. Je note que tu n’as pas trop apprécié « Un monde flamboyant » de Siri Hustvedt. Mais j’ai trop aimé Un été sans les hommes pour ne pas vouloir continuer à la lire 🙂
j’ai gardé quand même « un été sans les hommes » dans ma PAL au cas où!!!
je viens de terminer « Alma » de J.M.G. Le Clezio, on reste dans le registre esclavage, colonisation: très fort, tellement que cela fait 8 j que je tente ma critique… bouleversée 🙂
Oh je vais guetter ta critique, si tu arrives à l’écrire malgré ton émotion ! C’est avec ce genre de livres que la rédaction de chroniques rejoint à la fois l’intime et l’universel…